Trouble de la personnalité narcissique (TPN) – Critères du DSM-5
Introduction au diagnostic du TPN
Le trouble de la personnalité narcissique (TPN) est une condition de santé mentale complexe et souvent mal comprise. Comprendre ses critères diagnostiques est essentiel pour en permettre une identification précise et une prise en charge adaptée. Ce document présente à la fois les critères officiels du DSM-5-TR, actuellement utilisés pour poser un diagnostic de TPN, ainsi qu’un modèle diagnostique proposé, visant à affiner et clarifier les caractéristiques fondamentales du narcissisme pathologique. L’examen de ces deux modèles permet de mieux saisir l’éventail des traits narcissiques et leur impact sur le fonctionnement des individus.
Par ailleurs, le TPN partage plusieurs caractéristiques avec d’autres troubles de la personnalité et troubles de l’humeur. Un diagnostic différentiel est donc indispensable afin de distinguer le TPN de troubles présentant des symptômes similaires, comme le trouble de la personnalité borderline (TPB) ou le trouble de la personnalité antisociale (TPA). Identifier ces distinctions est essentiel pour garantir des stratégies thérapeutiques appropriées et éviter les erreurs diagnostiques.
Notre approche au Barends Psychology Practice : Au sein du Cabinet de Psychologie Barends, nous privilégions les critères diagnostiques proposés plutôt que les critères traditionnels du DSM-5-TR, car ils permettent une compréhension plus nuancée du narcissisme pathologique. Les critères classiques se concentrent principalement sur la grandiosité manifeste, le sentiment de droit, et le manque d’empathie — des éléments qui correspondent surtout au narcissisme grandiose.
Cependant, les recherches et les observations cliniques montrent que le narcissisme s’exprime sur un continuum et qu’il existe au moins trois sous-types :
- le narcissisme fonctionnel exhibitionniste,
- le narcissisme vulnérable,
- et le narcissisme malin.
Les critères proposés tiennent compte de problématiques identitaires, de comportements de recherche d’attention, ainsi que de différents niveaux de régulation émotionnelle. Ils constituent ainsi un outil diagnostique plus global et flexible. Cette approche permet aux cliniciens de différencier les diverses présentations cliniques du TPN, ce qui conduit à des diagnostics plus précis et à des plans de traitement individualisés, adaptés aux besoins spécifiques de chaque personne.
Souhaites-tu savoir si tu te reconnais dans certains (ou tous) des symptômes du TPN ?
Pour en savoir plus sur le narcissisme, visitez les pages suivantes :
- Qu’est-ce que le narcissisme ?
- Symptômes du TPN.
- Causes du TPN.
- Traitement du TPN.
- Guérir son propre narcissisme – guide d’auto-assistance.
- Être l’enfant d’un parent narcissique.
- Comment gérer un narcissique ?
- Avoir un enfant narcissique.
- Gérer une belle-mère narcissique.
- Avoir un patron narcissique.
- Avoir un collègue narcissique.
- Test du TPN.
- Faire la version courte du test TPN.
- Faits intéressants sur le TPN.
- Traitement en ligne du TPN ou accompagnement pour les personnes vivant avec un narcissique.
- Retour à la page d’accueil.
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Au cabinet Barends Psychology Practice, un traitement du trouble de la personnalité narcissique est proposé. Contactez-nous pour fixer un premier rendez-vous gratuit.
Critères généraux des troubles de la personnalité
Pour poser le diagnostic d’un trouble de la personnalité — y compris le trouble de la personnalité narcissique (TPN) — une personne doit répondre aux six critères suivants :
A. Schéma durable de vécu intérieur et de comportement
L’individu présente un schéma durable de comportements et d’expériences internes qui s’écartent nettement des attentes de sa culture. Ce schéma doit être manifeste dans au moins deux des domaines suivants :
- 1. Cognition : Modes de perception et d’interprétation déformés de soi-même, d’autrui et des événements.
Exemple : Une personne interprète systématiquement des interactions amicales comme manipulatrices ou hostiles. - 2. Affectivité : Réactions émotionnelles inadaptées en termes de gamme, d’intensité ou de stabilité.
em>Exemple : Un individu réagit avec une colère intense à des contrariétés mineures ou reste indifférent face à des événements graves. - 3. Fonctionnement interpersonnel : Difficultés chroniques à établir et maintenir des relations.
Exemple : Une personne ne parvient pas à entretenir des amitiés ou des relations amoureuses en raison d’un schéma de méfiance et de détachement. - 4. Contrôle des impulsions : Difficultés à gérer ses impulsions ou comportements.
Exemple : Une personne adopte fréquemment des comportements à risque tels que des dépenses excessives, des rapports sexuels non protégés ou des accès de violence sans réfléchir aux conséquences.
B. Inflexibilité et caractère envahissant
Le schéma de comportements et de vécus intérieurs est inflexible et s’exprime dans une large variété de situations personnelles et sociales. Il ne se limite pas à un contexte particulier, mais constitue un trait stable et omniprésent de la personnalité.
C. Souffrance ou altération significative du fonctionnement
Le schéma entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.
Exemple : Une personne perd régulièrement son emploi en raison de son incapacité à accepter les critiques, ou se brouille avec sa famille en raison d’un comportement contrôlant.
D. Stabilité et ancienneté
Le schéma est stable dans le temps et peut être retracé jusqu’à l’adolescence ou le début de l’âge adulte. Les troubles de la personnalité ne sont pas des conditions transitoires, mais des modes de pensée et de comportement profondément enracinés.
E. Non mieux expliqué par un autre trouble mental
Le trouble de la personnalité ne peut être mieux expliqué par un autre trouble psychiatrique (ex. : schizophrénie, trouble bipolaire).
Exemple : Une personne manifestant des comportements grandioses lors d’un épisode maniaque ne sera pas diagnostiquée avec un TPN.
F. Non dû aux effets d’une substance ou d’une affection médicale
Le schéma n’est pas causé par les effets physiologiques d’une substance (drogues, médicaments) ou d’une maladie (ex. : traumatisme crânien).
Exemple : Une personne développant de l’impulsivité et de l’agressivité après une lésion cérébrale ne sera pas diagnostiquée avec un trouble de la personnalité.
Diagnostic du TPN : définition et critères diagnostiques
Le trouble de la personnalité narcissique (TPN) est un trouble de la personnalité du cluster B, caractérisé par des schémas durables de grandiosité, un besoin d’admiration et un manque d’empathie. Ces traits apparaissent généralement au début de l’âge adulte et se manifestent dans divers contextes.
Critères diagnostiques officiels du DSM-5-TR
Selon le DSM-5-TR, une personne doit présenter au moins cinq des symptômes suivants :
- 1. Sentiment grandiose de sa propre importance : surestime ses réalisations et ses talents, attend d’être reconnu sans accomplissements à la hauteur.
Exemple : Un cadre prétend avoir sauvé l’entreprise à lui seul et s’attribue les mérites du travail de ses collègues. - 2. Préoccupation par des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de beauté, ou d’amour idéal : consacre beaucoup de temps à s’imaginer des réussites extraordinaires.
Exemple : Un écrivain en difficulté se voit comme un futur génie littéraire mais ne fait aucun effort pour améliorer ses compétences. - 3. Croyance d’être “spécial” et unique : estime ne pouvoir être compris que par des personnes spéciales ou de haut statut.
Exemple : Un médecin refuse de parler aux infirmiers ou aux généralistes, considérant que seuls les spécialistes de haut niveau méritent son attention. - 4. Besoin excessif d’admiration : recherche constamment les compliments et la validation.
Exemple : Un influenceur devient obsédé par le nombre de “likes” et réagit avec colère lorsque l’engagement est faible. - 5. Sentiment de droit : attentes déraisonnables d’un traitement de faveur ou de satisfaction immédiate de ses désirs.
Exemple : Un client exige une table dans un restaurant complet, persuadé de mériter un traitement spécial. - 6. Comportements interpersonnels exploitants : tire profit des autres pour atteindre ses objectifs.
Exemple : Un agent immobilier manipule ses clients pour conclure de mauvaises affaires dans son propre intérêt. - 7. Manque d’empathie : incapacité à reconnaître ou comprendre les sentiments et besoins des autres.
Exemple : Un parent ignore la détresse de son enfant victime de harcèlement, le qualifiant de “trop sensible”. - 8. Envie des autres ou conviction que les autres l’envient : se compare sans cesse à autrui.
Exemple : Un musicien pense que tous ses pairs jalousent son talent, sans preuve de cette jalousie. - 9. Comportements ou attitudes arrogants et hautains : se montre supérieur et condescendant.
Exemple : Une personne se moque du niveau d’études d’un collègue en affirmant que son propre diplôme est bien plus prestigieux.
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Critères diagnostiques proposés pour le TPN
Le DSM-5-TR inclut un modèle alternatif pour les troubles de la personnalité qui affine les critères du trouble de la personnalité narcissique (TPN). Ce modèle met l’accent sur les altérations du fonctionnement de la personnalité et sur certains traits de personnalité pathologiques spécifiques, ce qui permet de mieux déterminer le type de narcissisme auquel une personne s’identifie le plus. Ces critères pourraient, à terme, être utilisés pour un diagnostic plus précis du TPN.
A. Atteinte modérée ou plus sévère du fonctionnement de la personnalité, se manifestant par des difficultés dans au moins deux des domaines suivants :
- 1. Identité : Référence excessive aux autres pour la définition de soi et la régulation de l’estime de soi ; surestimation de soi fluctuante entre extrêmes.
Exemple : un cadre d’entreprise cherche constamment l’approbation de ses collègues mais s’effondre face à une critique constructive. - 2. Autodirection : Les objectifs sont motivés par le besoin d’approbation ; standards irréalistes trop élevés (vision de soi comme exceptionnel) ou trop bas (liés au sentiment d’y avoir droit) ; manque de conscience des motivations personnelles.
Exemple : un artiste abandonne ses projets s’il ne reçoit pas de compliments immédiats, et peine à se motiver sans validation externe. - 3. Empathie : Difficulté à reconnaître ou à s’identifier aux sentiments d’autrui ; attention portée aux réactions des autres uniquement lorsqu’elles sont perçues comme pertinentes pour soi ; surestimation ou sous-estimation de son impact sur autrui.
Exemple : un supérieur s’intéresse aux plaintes de ses employés uniquement lorsque cela nuit à l’image de l’entreprise, mais ignore leurs problèmes personnels. - 4. Intimité : Relations superficielles servant principalement à réguler l’estime de soi ; manque d’intérêt mutuel pour les expériences d’autrui ; relations motivées par le bénéfice personnel.
Exemple : une personne fortunée s’entoure d’“amis” qui renforcent son statut social, mais les écarte lorsqu’ils ne sont plus utiles.
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B. Présence des deux traits de personnalité pathologiques suivants :
- 1. Grandiosité (aspect de l’Antagonisme) : Sentiment d’avoir droit à des privilèges (ouvert ou caché), centration sur soi, conviction d’être supérieur aux autres, attitude condescendante.
Exemple : un professeur rejette les questions de ses étudiants en les qualifiant de « trop élémentaires », refusant de s’engager dans un véritable échange pédagogique. - 2. Recherche d’attention (aspect de l’Antagonisme) : Tentatives excessives pour susciter l’admiration et être le centre de l’attention.
Exemple : lors d’un mariage, un invité interrompt les discours pour vanter ses propres réussites, attirant l’attention sur lui.
Diagnostic différentiel : Troubles similaires et différences clés
Le trouble de la personnalité narcissique (TPN) partage certaines caractéristiques avec d’autres troubles de la personnalité et troubles de l’humeur. Un diagnostic différentiel permet une identification précise.
Trouble de la personnalité borderline (TPB)
Similarités : Les deux troubles impliquent des relations instables, une dérégulation émotionnelle et des difficultés liées à l’identité de soi.
Différences : Les personnes atteintes de TPB connaissent des sautes d’humeur intenses, de l’impulsivité et une peur écrasante de l’abandon. En revanche, les personnes atteintes de TPN ont plutôt tendance à se retirer ou à réagir avec colère lorsque leur image de soi est menacée, plutôt que de vivre une instabilité émotionnelle profonde.
Exemple : une personne avec un TPB peut alterner rapidement entre idéaliser et dévaloriser son partenaire, alors qu’une personne avec un TPN peut simplement l’écarter lorsqu’il ne fournit plus l’admiration attendue.
Trouble de la personnalité antisociale (TPA)
Similarités : Les deux troubles impliquent de la manipulation, un manque d’empathie et l’exploitation d’autrui.
Différences : Le TPA se caractérise par la tromperie, l’impulsivité et le mépris des lois et des normes sociales, tandis que le TPN se concentre davantage sur le sentiment de droit et la recherche d’admiration.
Exemple : une personne avec un TPA peut escroquer quelqu’un sans remords, tandis qu’une personne avec un TPN exagérera ses mérites pour obtenir de l’admiration, mais évitera les comportements illégaux manifestes.
Trouble de la personnalité histrionique (TPH)
Similarités : Besoin intense d’attention et de validation dans les deux cas.
Différences : Les personnes atteintes de TPH recherchent l’attention à travers des expressions émotionnelles et dramatiques, alors que celles atteintes de TPN le font par un sentiment de supériorité perçue.
Exemple : une personne avec un TPH peut exagérer une maladie pour susciter la compassion, tandis qu’une personne avec un TPN se vante de son intelligence et rabaisse les autres pour paraître supérieure.
Trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive (TPOC)
Similarités : Les deux troubles peuvent inclure du perfectionnisme, de la rigidité et des standards très élevés.
Différences : Le TPOC est motivé par un besoin d’ordre, de règles et de contrôle, tandis que le TPN est centré sur le statut et la reconnaissance.
Exemple : une personne avec un TPOC organise un projet avec précision pour en garantir l’efficacité, tandis qu’une personne avec un TPN s’attend à être reconnue comme le membre le plus brillant de l’équipe, sans pour autant y avoir contribué de manière significative.
Trouble bipolaire (épisodes maniaques)
Similarités : Grandiosité, impulsivité et sentiment exagéré d’importance personnelle peuvent être présents dans les deux cas.
Différences : Le trouble bipolaire se manifeste par des épisodes d’humeur distincts, alors que le TPN est un trait de personnalité stable dans le temps.
Exemple : une personne en phase maniaque peut faire des achats compulsifs en se croyant millionnaire, tandis qu’une personne atteinte de TPN agit en permanence comme si elle était supérieure, sans épisodes délimités.
Diagnostic du TPN – Conclusion
Le trouble de la personnalité narcissique est une condition distincte et complexe qui nécessite une évaluation rigoureuse. Bien qu’il partage certains traits avec d’autres troubles de la personnalité ou de l’humeur, ses caractéristiques fondamentales — la grandiosité, le besoin d’admiration et le manque d’empathie — le distinguent clairement.
Un diagnostic précis du TPN est essentiel pour proposer un traitement approprié et éviter les erreurs de classification avec d’autres troubles nécessitant des approches thérapeutiques différentes. Par exemple, les personnes atteintes de TPB peuvent bénéficier de la thérapie comportementale dialectique (TCD) pour gérer l’instabilité émotionnelle, tandis que celles atteintes de TPN nécessitent souvent des interventions centrées sur la conscience de soi et le développement de l’empathie.
Par ailleurs, une erreur diagnostique peut avoir des conséquences importantes. Si le TPN est confondu avec le TPB, le traitement risque de se concentrer à tort sur l’instabilité émotionnelle, au lieu de cibler les dynamiques de droit et de recherche d’admiration. De même, si le TPN est confondu avec un TPA, les cliniciens risquent de négliger les insécurités profondes qui sous-tendent les comportements narcissiques, pour se focaliser sur des comportements antisociaux qui ne sont pas nécessairement présents.
La compréhension conjointe des critères officiels du DSM-5-TR et du modèle diagnostique proposé offre un cadre complet pour les cliniciens et les chercheurs. Les critères proposés soulignent les troubles de l’identité, l’empathie déficiente et les comportements de recherche d’attention, proposant une manière alternative de conceptualiser le TPN.
En distinguant le TPN des autres troubles, les professionnels de la santé mentale peuvent élaborer des plans de traitement adaptés qui abordent les difficultés fondamentales rencontrées par les personnes atteintes de TPN : une faible estime de soi masquée par la grandiosité, des difficultés interpersonnelles, et une intolérance à la critique. Un diagnostic précis et des approches thérapeutiques ciblées peuvent, à terme, améliorer le bien-être de ces personnes et la qualité de leurs relations.