Qu’est-ce que le trouble de la personnalité narcissique (TPN) ?

Chef narcissique. Narcissisme.Informations sur le trouble de la personnalité narcissique, telles que la prévalence, les facteurs de risque et les symptômes.

Sous-types de narcissisme – infographie.

Le terme « narcissisme » a gagné en popularité ces dernières années, notamment avec l’essor des réseaux sociaux, des influenceurs et des YouTubeurs. Cependant, la plupart des gens ont une compréhension limitée de ce qu’est réellement une personne narcissique et de la manière de l’identifier, en se focalisant souvent uniquement sur quelques traits, comme le sentiment de supériorité ou le manque d’empathie.

 

Qu’est-ce que le narcissisme ?

En termes simples, un narcissique est une personne très centrée sur elle-même, qui recherche constamment l’admiration et qui manque d’empathie envers autrui. Contrairement à une idée répandue, les personnes narcissiques n’ont pas forcément une haute estime d’elles-mêmes ni une intelligence exceptionnelle.

Le narcissisme existe sur un continuum, allant de comportements occasionnels d’égocentrisme à un trouble de la personnalité narcissique (TPN) pleinement développé. Bien que la confiance en soi puisse être une qualité positive, les narcissiques la poussent à l’extrême : ils exagèrent souvent leurs compétences, recherchent une validation constante et ignorent les besoins des autres. Leur estime de soi est fragile et dépend fortement de la reconnaissance extérieure, ce qui les rend extrêmement sensibles à la critique ou à tout affront perçu.

 


 

Malgré leur assurance apparente, de nombreux narcissiques luttent contre des insécurités profondes. Ils peuvent créer une image de soi grandiose pour masquer des sentiments d’inadéquation et réagir de manière défensive — voire agressive — lorsque cette illusion est menacée. Cela peut engendrer des comportements manipulateurs ou contrôlants, notamment dans les relations, où ils recherchent l’admiration et le pouvoir, plutôt qu’une connexion émotionnelle authentique. Comprendre ces traits permet de mieux reconnaître les tendances narcissiques chez autrui et de gérer les interactions avec plus de clarté.

 

Souhaites-tu savoir si tu te reconnais dans certains (ou tous) des symptômes du TPN ?

 

Symptômes du trouble de la personnalité narcissique (TPN)

Le TPN est un trouble psychique caractérisé par une combinaison des symptômes suivants :

  • Sentiment de droit ou de privilège (ouvert ou caché). Exemple : une personne qui estime mériter un traitement spécial, comme passer devant tout le monde dans une file d’attente ou obtenir une promotion sans l’avoir méritée.
  • Égocentrisme. Exemple : un ami qui ramène systématiquement la conversation à lui, sans jamais s’intéresser à ce que vivent les autres.
  • Recherche excessive d’attention. Exemple : un invité de mariage qui crée volontairement un drame pour détourner l’attention des mariés.
  • Comportement en quête d’admiration. Exemple : un influenceur qui publie en continu ses réussites et cherche la validation à travers les « likes » et les commentaires.
  • Relations superficielles utilisées pour réguler l’estime de soi. Exemple : une personne qui ne fréquente que des individus « bien vus » socialement afin de renforcer son image.
  • Difficulté à reconnaître ou à ressentir l’empathie pour les autres. Exemple : un conjoint qui qualifie les émotions de son/sa partenaire d’« exagérées » et refuse d’en reconnaître la souffrance.
  • Sensibilité excessive aux réactions des autres (si cela les concerne ; sinon, indifférence). Exemple : un patron qui exige les compliments de ses employés, mais ignore leurs plaintes concernant un traitement injuste.
  • Recherche constante d’un avantage personnel. Exemple : quelqu’un qui manipule ses amis pour obtenir des faveurs, sans jamais rendre la pareille.
  • Autoévaluation exagérée (peut être gonflée ou diminuée). Exemple : un PDG qui alterne entre se croire génial et se sentir comme un échec total.
  • Régulation émotionnelle dépendante de l’estime de soi. Exemple : une personne joyeuse et avenante lorsqu’elle est valorisée, mais hostile et fermée dès qu’elle est critiquée.
  • Dépendance excessive à l’égard d’autrui pour se définir et maintenir son estime personnelle. Exemple : un étudiant qui a besoin d’une validation constante de ses enseignants pour se sentir compétent.
  • Attitude condescendante envers les autres. Exemple : un collègue qui rabaisse systématiquement les idées des autres, pensant que seules les siennes ont de la valeur.
  • Conviction d’être supérieur aux autres. Exemple : un ami qui refuse de prendre les transports en commun, les jugeant « indignes » de lui.

 
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Pour consulter les critères officiels du DSM-5-TR concernant le trouble de la personnalité narcissique, veuillez vous référer au diagnostic du TPN.

 


 

Pour en savoir plus sur le narcissisme, visitez les pages suivantes :

 

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Traits narcissiques vs être narcissique

S’identifier à certains traits narcissiques ne signifie pas nécessairement que l’on souffre d’un TPN. En fait, certains traits comme l’égocentrisme ou une forte confiance en ses capacités peuvent être bénéfiques. Ces traits peuvent contribuer à maintenir une image de soi positive [1],[2] et même motiver la réalisation d’objectifs [3].
Des recherches suggèrent qu’une image de soi positive est associée à de meilleures performances lors d’entretiens d’embauche [7] et à un plus grand succès professionnel [6].

Cependant, les problèmes apparaissent lorsqu’une personne présente trop de ces traits, ce qui peut nuire à ses relations avec la famille, les amis et les collègues. Par exemple, un narcissique peut exploiter ses proches sans culpabilité, accuser un collègue à tort lorsqu’il se sent menacé, ou se retourner contre toute personne qui n’est pas d’accord avec lui.

 
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Existe-t-il des sous-types narcissiques ?

Narcissisme. Sous-types de narcissisme.

Des études suggèrent différentes classifications des sous-types de narcissisme. Certains chercheurs [5] en identifient trois :

  • Narcissique fragile – Utilise la grandiosité comme mécanisme de défense pour masquer un sentiment d’insuffisance, d’anxiété ou de solitude. Lorsque cette défense échoue, la rage et l’insécurité profonde surgissent. Exemple : Un musicien qui se vante de son talent mais réagit avec colère et agressivité à la moindre critique.
  • Narcissique fonctionnel exhibitionniste – Extraverti, énergique et articulé, avec un fort sentiment de sa propre importance. Utilise ses traits narcissiques pour atteindre ses objectifs et rester motivé. Exemple : Un PDG charismatique qui inspire son équipe mais a besoin d’admiration constante et ne supporte pas les retours critiques.
  • Narcissique grandiose/malin – Ne ressent pas de sentiment d’insuffisance mais présente une colère intense. Recherche pouvoir et contrôle, manipule les autres, ne montre aucun remords et a une vision exagérée de sa propre valeur. Exemple : Un dirigeant politique manipulateur, menteur compulsif, et vindicatif envers ses détracteurs.

 

D’autres études [4] proposent deux sous-types principaux :
  • Grandiosité narcissique – Caractérisée par des fantasmes de grandeur, l’exploitation des autres, des explosions de colère quand ils sont remis en question, et des comportements sacrificiels s’ils servent l’ego. Exemple : Un influenceur qui embellit sa vie, exploite ses fans et attaque violemment les critiques.
  • Vulnérabilité narcissique – Hypersensibilité aux critiques, sautes d’humeur selon l’estime de soi, mentalité de victime, et méfiance envers autrui. Peut aussi ressentir de la honte envers ceux qui ne répondent pas à ses attentes. Exemple : Un collègue qui se vexe pour une remarque bénigne, se présente constamment comme une victime et se méfie des autres.

Le narcissique fragile correspond largement à la vulnérabilité narcissique, tandis que le narcissique malin correspond à la grandiosité narcissique. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, mais certains experts estiment qu’un troisième sous-type — le narcissique fonctionnel exhibitionniste — mérite également d’être reconnu.

 

Comment devient-on narcissique ?

Les styles parentaux ainsi que des prédispositions biologiques peuvent contribuer au développement du narcissisme. Certains styles éducatifs, en particulier, peuvent favoriser un narcissisme pathologique ou aggraver une prédisposition existante.
 

Parentage permissif et surinvesti :

Une adoration excessive et des louanges constantes peuvent contribuer au développement d’un TPN. Lorsqu’un enfant est sans cesse valorisé et rarement confronté à la critique, il peut développer un sentiment de grandeur ou un droit à des privilèges. Récompenser excessivement de petites réussites (ex. : offrir un cadeau luxueux pour avoir rangé sa chambre) renforce ces comportements. Exemple : Un enfant à qui l’on répète qu’il est “spécial et exceptionnel” sans qu’il ait à faire d’effort. Confronté à l’échec plus tard, il se sent en droit de réussir et supporte mal la critique.
 

Parentage autoritaire :

Le manque d’empathie ou de chaleur émotionnelle de la part des parents peut laisser l’enfant frustré et insécurisé. Si l’affection parentale est imprévisible ou conditionnelle, cela peut entraîner une faible estime de soi, de la dépression, un besoin d’exploiter les autres, et, à terme, l’apparition de traits narcissiques. Exemple : Un enfant élevé dans un foyer strict où l’amour est conditionnel. Il cherche la reconnaissance à travers ses performances, refoule ses émotions, et développe plus tard des comportements manipulateurs et détachés.
 

Parentage autoritatif (l’approche équilibrée) :

Ce style parental est considéré comme sain. Il implique des parents présents et attentifs, capables d’établir des règles claires tout en offrant amour, soutien et empathie. Exemple : Des parents qui imposent des limites tout en offrant du soutien émotionnel. L’enfant développe alors une estime de soi équilibrée, capable de gérer la critique et de construire des relations saines.
 

Narcissisme – Expériences traumatiques :

Les traumatismes peuvent également contribuer au développement de traits narcissiques et, dans certains cas, mener à un trouble de la personnalité narcissique (TPN). Des expériences telles que la perte d’un proche, une négligence grave, des abus durant l’enfance ou le harcèlement peuvent engendrer de profonds problèmes de confiance. Beaucoup de narcissiques ont du mal à faire confiance à qui que ce soit, sauf à eux-mêmes. Exemple : Un enfant harcelé tout au long de sa scolarité développe, en guise de mécanisme de défense, une image de soi grandiose pour masquer ses insécurités profondes. Devenu adulte, il exagère ses réussites et peine à faire confiance aux autres.
 
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Le narcissisme peut-il être traité ?

Les recherches suggèrent que le narcissisme peut être traité, mais que cela comporte des défis majeurs. Le principal obstacle est que les narcissiques croient souvent qu’ils sont parfaits, spéciaux ou uniques, ce qui les rend résistants au changement. Beaucoup utilisent la thérapie non pas pour s’améliorer, mais pour affiner leur capacité à manipuler autrui et feindre l’empathie.

De plus, la majorité des personnes atteintes de TPN ne cherchent pas spontanément de l’aide, sauf si un partenaire ou un membre de la famille les y contraint. Vivre avec un narcissique peut être extrêmement difficile, au point qu’un proche menace parfois de partir si le narcissique refuse un traitement.

La thérapie des schémas s’est révélée significativement plus efficace pour les troubles de la personnalité que la psychothérapie orientée clarification ou la thérapie introspective traditionnelle. Elle offre de meilleurs taux de rétablissement, une réduction plus marquée de la dépression, un taux d’abandon plus faible et une amélioration du fonctionnement social et général.

 

Narcissisme – Littérature

  • [1] Pincus, A. L., & Lukowitsky, M. R. (2010). Pathological narcissism and narcissistic personality disorder. Annual review of clinical psychology, 6, 421-446.
  • [2] Morf, C. C., & Rhodewalt, F. (2001). Unraveling the paradoxes of narcissism: A dynamic self-regulatory processing model. Psychological inquiry, 12, 177-196.
  • [3] Lukowitsky, M. R., Roberts, N. R., Lehner, A. N., Pincus, A. L., & Conroy, D. E. (2007). Differentiating forms of narcissism by achievement-related motives and interpersonal problems. In annual meeting of the Society for Interpersonal Theory and Research, Madison, WI.
  • [4] Pincus, A. L., Ansell, E. B., Pimentel, C. A., Cain, N. M., Wright, A. G., & Levy, K. N. (2009). Initial construction and validation of the Pathological Narcissism Inventory. Psychological assessment, 21, 365.
  • [5] Russ, E., Shedler, J., Bradley, R., & Westen, D. (2008). Refining the construct of narcissistic personality disorder: Diagnostic criteria and subtypes. American Journal of Psychiatry, 165, 1473-1481.
  • [6] Judge, T. A., Erez, A., & Bono, J. E. (1998). The power of being positive: The relation between positive self-concept and job performance. Human performance, 11(2-3), 167-187.
  • [7] Hall, N. C., Jackson Gradt, S. E., Goetz, T., & Musu-Gillette, L. E. (2011). Attributional retraining, self-esteem, and the job interview: Benefits and risks for college student employment. The Journal of Experimental Education, 79(3), 318-339.